EPICENTRE: LES MARGES SONT-ELLES AU CENTRE?
INSTALLATION
|
Entre 1921 et 1929, l’historien d’art allemand Aby Warburg (1866-1929) élabore une toute nouvelle manière de lire et d’interpréter les images. Appelé Atlas mnémosyne (du grec mémoire), cette grande “bibliothèque visuelle” vise à proposer une histoire comparative de l’art basée uniquement sur des images. La démarche de Warburg s’inscrit dans un processus de décloisonnement de cette discipline, construite jusqu’alors comme une analyse très linéaire. Bien que toute jeune, cette discipline était néanmoins déjà figée dans des catégories et classifications que l’historien d’art a ainsi contribué à faire évoluer différemment.
Épicentre est un projet performatif qui s’inspire de cette manière de procéder pour questionner cette fois la notion de “marges”. Comment expérimente-t-on la marge, par rapport à qui ou à quoi sommes-nous en marge, quelles sont les personnes qui s’y trouvent? L’expérience de la marge est-elle douloureuse? Peut-elle être une force? Les marges étant établies par des normes sociales, nous nous sommes efforcées de les mettre en évidence afin de déplacer et de déconstruire certaines catégories imposées. En récoltant une grande quantité d’images, en y ajoutant également des textes, l’installation propose un atlas, réalisé en l’espace de 24 heures. À cela, viennent se superposer des sons glanés tout au long de la première soirée du festival, issus de discussions avec les publics présents, d’extraits des événements au programme de la soirée, ou encore de lectures de textes. Au fil des heures, les images ont été découpées, regroupées et accrochées par thématiques sur cette ancienne porte de grange. Par résonance, elles dialoguent, elles s’entrechoquent, elles racontent et tissent des liens que nous avons rendus visibles par des fils. Cette proposition est à voir comme l’état d’une recherche restituée à un moment donné, et amenée à évoluer par étapes supplémentaires. |